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Dieu du soleil

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Le dieu Rê {Ra dans les anciens ouvrages} n'est autre que le soleil, réalité visible s'il en est, qui se passe de symbole.
Sans doute fut-il adoré, dès les temps les plus anciens, en plusieurs points d'Égypte. Sa métropole fut Héliopolis, {en grec « la ville du soleil »}, où il présidait la grande ennéade.
Historiquement son succès politique fut relativement tardif. A la IIe dynastie le nom royal Nébirê, « Rê est mon maître », montre que l'on commence à se prévaloir de son appui, et la construction des pyramides, monuments essentiellement solaires, le révélera peu après l'extention des croyances d'Héliopolis au domaine funéraire. Mais ce n'est qu'à partir de Chéphren que les rois deviennent, formellement, « fils de Rê ». Il garderont cette filiation solaire, parmi les éléments de leur titulature, jusqu'à la fin de la civilisation égyptienne.
Rê était très souvent représenté sous la forme humaine mais il apparaît également figuré avec une tête de faucon surmontée du disque solaire et de l'Uraeus.
Après avoir, sous la Ve dynastie, conquis la principale place du panthéon officiel, Rê ne tarda pas à se trouver des adversaires. Sur le plan théologique d'abord: les remous politique qui amènent la constitution de la royauté thébaine mirent en avant un nouveau dieu, Amon , qui allait devenir prépondérant. Pourtant Rê subsista, assimilé sans doute, mais toujours présent, il était difficile d'écarter complètement le dieu qui trônait si visiblement au ciel d'Égypte. Tous les dieux qui, selon les fortunes du sort politique, aspireront à l'universalité, devront accepter un aspect solaire: Amon, Khnoum, Montou,Sobek, triompheront, en leur temps, sous la forme d'Amon-Rê, Khnoum-Rê, Montou-Rê, Sobek-Rê. Ensuite, il est intéressant de constater que ce sera en s'appuyant sur la théologie solaire que les souverains de la XVIIIe dynastie réagiront contre la puissance trop envahissante d'Amon: la doctrine amarnienne, qui promut Aton, le disque solaire, empruta quantité de ses principes à la vieille religion de Rê.
Dans le domaine funéraire, Ré, patron de l'au-delà royal, grand juge des anciens temps, doit reculer bientôt devant Osiris, qui s'installe avec vigueur dans le monde des morts. Là aussi, Rê subsista, et les rites solaires continuent d'influer sur les cérémonies d'enterrement, sur les croyances d'au-delà, sur l'image du monde nocturne. Un compromis du nouvel empire fait d'Osiris et de Rê deux aspects d'une même grande «âme» divine, non plus antagonistes mais complémentaires.
Les mythes qui se rattachent au soleil Rê sont inspirés par l'image de son voyage diurne au ciel d'Égypte: les textes décrivent son lever, aux lointaines côtes orientales où un choeur de cynocéphages l'accueille à sa sortie des eaux, tiré de la léthargie nocturne, dansant de joie à son apparition, Rê monte alors dans la barque du jour, qui naviguera au ciel, à la voile, jusqu'au soir. A ce moment il change d'esquif, passe dans la barque de la nuit et se fera haler dans le monde inférieur, au cours des douze heures qui précèderont son nouveau lever.

Quantité de mythes et de légendes ont été élaborés autour de cette navigation du soleil, enfant à son lever {=Khépri}, homme mûr à midi {=Rê}, vieillard au soir {=Atoum}, ils évoquent son ancien séjour sur terre, sa vieillesse, les artifices par lesquels Isis parvint à lui ravir son nom secret, son dessein de détruire l'humanité, et la façon dont, pris de remords, il arrêta le carnage auquel se livrait sa fille Hathor, enfin son départ au ciel, sur le dos de la vache céleste.