Aton dieu solaire

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Aton

Dieu solaire et créateur à l'époque d'Aménophis IV

Dans le panthéon égyptien, de nombreuses divinités incarnent le soleil et, en particulier, la force créatrice et vitale qui émane de l'astre. Ainsi, tous les dieux en qui se manifeste la puissance solaire adoptent une représentation humaine ou animale et se dotent d'attributs spécifiques permettant aux hommes de les reconnaître et de les honorer. Il en est ainsi pour Horakhty "l'Horus de l'Horizon", représenté en homme à tête de faucon sur laquelle vient se poser un disque solaire. Il en est de même pour le dieu de Thèbes, Amon-Rê , figuré sous forme humaine et coiffé d'une haute couronne à deux plumes au centre de laquelle brille un globe solaire. Mais si l'on veut désigner l'astre dans son apparence visible ou évoquer le disque solaire, on utilise le simple mot d'Aton. Les premières mentions de son nom apparaissent à l'Ancien Empire, dans les "textes des pyramides" , et désignent le globe lumineux. En réalité, il faut attendre la XVIlle dynastie , notamment le règne d'Aménophis III, pour que son culte fasse une timide apparition. Mais c'est surtout Aménophis IV, plus connu sous le nom d'Akhénaton, qui l'élève, pour un temps, au rang suprême : celui de divinité dynastique. De nombreuses hypothèses visant à expliquer ce bouleversement religieux ont été avancées. Certaines proposent des raisons politiques, d'autres insistent sur le fondement religieux de cette hérésie ; d'autres encore mettent en cause la personnalité assez particulière d'Aménophis IV... La vérité doit certainement tenir de ces différentes thèses réunies : un contexte politique dominé par l'omniprésence du clergé d'Amon; un désir de glorifier le soleil dans sa manifestation la plus éclatante et la plus évidente, le disque ; un personnage étrange, à la fois penseur et philosophe mais fanatique et mystique .Le règne d'Aménophis III est marqué par une prise de conscience de l'extrême puissance du clergé d'Amon, le "roi des dieux". Son pouvoir est tel que son représentant légal, le Grand-Prêtre, acquiert une importance comparable à celle des plus hauts dignitaires du pays : il est à la tête de domaines divins immenses, incontrôlables par l'administration royale. Les mesures destinées à minimiser son influence n'aboutissent que sous le règne d'Akhénaton : en l'An IV, il rompt définitivement avec le clergé d'Amon, abandonne la ville de Thèbes et construit une nouvelle capitale à Akhénaton, "l'Horizon d'Aton".

Dans un site "révélé par Aton lui-même", se développe donc une cité dans laquelle la famille royale et la cour honorent exclusivement le dieu Aton qui devient le dieu unique, le dieu universel et créateur : le "père des pères et la mère des mères". En théorie, ce nouveau culte met à la portée de tous une certaine perception du divin puisque, pour adorer Aton , il suffit de s'adresser à l'astre. En réalité, la présence effective du dieu dans le ciel n'implique pas obligatoirement sa compréhension: l'essence même d'Aton reste invisible au commun des mortels .Il a besoin d'un intermédiaire pour se manifester puisqu' aucune image cultuelle, statue ou animal sacré, ne le représente sur terre. Et qui, mieux qu'Akhénaton, peut occuper ce rôle de médiateur ? Pharaon devient ainsi le prophète de son dieu et le représentant d'Aton auprès de ses sujets. Le fidèle prie donc chez lui, devant un autel contenant une image du roi. Le style artistique développé pendant toute cette période hérétique rappelle ce rôle fondamental d'Akhénaton. Il incarne le dieu créateur qui, quelles que soient les croyances, est une divinité androgyne car elle doit évoquer l'unité indifférenciée précédant toute création. Il se fait donc représenter avec des caractéristiques tenant des deux sexes : il s'agit d'un homme au visage étonnamment allongé, au ventre ballonné, aux hanches gonflées et aux seins presque féminins.

Ce rôle d'intermédiaire apparaît également dans les reliefs des tombes ou sur les stèles de culte. Habituellement, la tradition veut que le défunt se fasse représenter sur les parois de son tombeau avec les divinités du monde souterrain, celles qui sauront lui ouvrir les portes de l'au-delà. Ici, Aton, par ses qualités de dieu universel, prend également en charge les morts, usurpant les prérogatives d'Osiris. Sur terre comme dans l'au-delà, la présence du médiateur officiel est indispensable. C'est pourquoi les représentations funéraires, le personnage maître de la composition devient Akhénaton, reléguant le propriétaire du tombeau à l'arrière-plan. Les scènes présentent Pharaon en adoration devant le soleil dardant ses rayons terminés par des mains. Les faisceaux lumineux tiennent une croix ankh, symbole de la vie, que respire le roi ce simple geste, Aton devient le dieu dispensateur de vie, celui sur qui repose toute existence.