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Khnoum

Le dieu créateur  le dieu créateur

Associé à Neith (Esna) et à Satis et Anoukis (Éléphantine) Dieu créateur (Esna) ; patron de la cataracte et gardien des sources du Nil (Éléphantine) Lieux de culte : Esna et Éléphantine (Haute-Égypte) Représentation : bélier ou homme à tête de bélier Khnoum est le dieu potier à tête de bélier honoré, grâce à ses multiples fonctions, dans de nombreuses villes d'Égypte. Ses deux lieux de culte principaux se trouvent à Esna, où il occupe la fonction de démiurge aux côtés de la déesse Neith et à Éléphantine, où il est gardien des sources du Nil avec Satis et Anoukis.

Khnoum est le dieu local d'Éléphantine, île située au nord de la première cataracte et à la frontière méridionale de l'Égypte. C'est donc ici que le Nil pénètre en territoire égyptien. Chacun sait quelle importance revêt le fleuve pour les anciens Égyptiens qui, de plus, ignorent tout de ses sources comme des origines de la crue. On va donc désigner Khnoum comme gardien des sources du Nil, patron de la première cataracte et maître des cavernes mythiques desquelles est censé jaillir le flot nourricier. Dans son sanctuaire d'Éléphantine, où il est honoré avec son épouse Sans et la déesse enfant Anoukis, il reçoit un culte très populaire. Les Égyptiens affluent des quatre coins du pays, chargés de cadeaux et d'offrandes à son intention puisque c'est lui, Khnoum, qui décide quelles quantités de limon seront libérées au moment de l'inondation. Une inscription de 1'î1e de Sehel rappelle cette domination du dieu bélier sur les eaux du Nil : "Il y a une vine au coeur de l'eau ; le Nil l'entoure. Elle s'appelle Éléphantine. C' est le commencement du commencement... Khnoum siège là comme dieu, ses sandales placées sur le flot ; il tient le verrou de la porte dans sa main et ouvre les battants à son gré". Ainsi, puisqu'il détient le pouvoir cue répandre ou non le limon sur la terre d'Égypte, il devient un dispensateur de vie, donc un dieu créateur.
La personnalité du dieu Khnoum nous est beaucoup plus familière depuis que les textes de son temple d'Esna ont été traduits. Grâce à des récits retraçant la naissance divine de certains pharaons, on connaissait déjà son rôle de potier : alors, il avait pour mission de façonner sur son tour l'image de l'enfant royal ainsi que son ka, ses énergies vitales en quelque sorte. Un conte très célèbre, connu grâce au papyrus Westcar, raconte comment Redjedjet, épouse du prêtre de , Raouser, a donné naissance aux trois premiers rois de la Ve dynastie. Pour cet accouchement hors du commun, interviennent Khnoum ainsi que les déesses Isis, Nephtys, Meskhénet et Héqet : "Alors Isis se plaça devant elle, Nephtys derrière elle et Héqet accéléra la naissance. Et Isis dit : « Ne sois pas trop puissant dans son sein, en ce tien nom d'Ouserkaf ». Cet enfant lui glissa alors sur les mains : c' était un enfant long d' une coudée et dont les os étaient solides. Il avait les membres incrustés d'or et portait une coiffure en lapis­lazuli véritable. Elles le lavèrent, après qu' eut été coupé son cordon ombilical et qu'il eut été placé dans un cadre en briques. Puis Meskhénet alla vers lui et dit : « Un souverain qui exercera la royauté dans le pays entier,>, tandis que Khnoum dolnnait la santé à son corps". De même, à la XVIIIe dynastie, la reine Hatchepsout décide de représenter cette filiation divine sur les parois de son temple funéraire de Deir el-Bahari. La scène montre comment le dieu Amon, sous l'aspect de Thoutmosis ler, vient s'unir à la reine Ahmès pour concevoir la petite Hatchepsout. Derrière, figurent le dieu potier Khnoum, chargé de modeler le corps et le ka de la petite princesse, son assistante Héqet, la déesse grenouille, ainsi que le groupe des sept Hathor.

Des documents plus tardifs, ceux du temple d'Esna notamment, étendent l'activité créatrice de Khnoum aux dieux, aux hommes et aux espèces humaines. Il devient le démiurge qui, sur son tour de potier, a façonné l'oeuf primordial d'où a jailli le soleil au commencement des temps. Les textes d'Esna sont intéressants à plusieurs titres : non seulement ils nous éclairent sur la personnalité du dieu Khnoum en tant que créateur, mais ils révèlent la persistance de la religion égyptienne à l'époque gréco­romaine. Pour la plus grande majorité, ces écrits datent des règnes de Trajan et d'Hadrien, empereurs romains du IIe siècle après J.­C. Ce sont donc les textes religieux les plus récents que nous ayons conservés de l'époque pharaonique. Its forment une synthèse ingénieuse des croyances : s'y mêlent prières et textes rituels, hymnes et litanies, récits de création et autres. Ici, les théologiens ont eu à manoeuvrer habilement pour rédiger les textes théogoniques puisque le temple est dédié à deux divinités créatrices: Khnoum et Neith, l'archère de la ville de Sais, assimilée à la vache primordiale Ihet.