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Chapitre I

Description:

Procession funéraire d'Ani, étendue sur deux longues vignettes rectangulaires.
Au centre la momie d'Ani, avec son masque funéraire. Elle est couchée dans un cercueil en bois peint? encadré de fleurs de lotus, posé sur un traîneau. De chaque côté surgissent la proue et la poupe d'une barque où son disposées les statuettes d'Isis et de Nephthys. C'est là un raccourci conventionnel par lequel, dans une même figure, on rappelait la traversée du Nil sur une barque, pour se rendre de la rive orientale où se trouvait la ville de Thèbes à la rive occidentale où était aménagée la nécropole, puis le chargement du cercueil sur un traîneau pour l'emmener jusqu'à la tombe. Sur le côté est agenouillée Thouthou portant une main à son visage dans le geste des pleureuses. Comme les autres pleureuses qui apparaissaient dans le registre suivant destiné à compléter la scène, elle porte une fine robe bleue laissant les seins découverts: rituellement, les pleureuses se griffait le visage et la poitrine. Le traîneau lui même est traîné par deux paires de boeufs à laide de cordages dirigés par quatre hommes. Juste devant le traîneau, tourné vers le sarcophage, se tient le prêtre-sem, reconnaissable à la peau de panthère qui tombe sur sa robe, depuis sa poitrine; il tient dans sa main gauche un encensoir dans lequel brûlent des résines d'Arabie, encens et myrrhe, et dans la main droite le vase à eau(hst) d'où coulent les eaux lustrales. Derrière le sarcophage vient un groupe de huit pleureurs.
Disposée sur deux registres superposés viennent:
Registre inférieur: le coffre ou arche dans lequel sont disposés les quatre vases canopes destinés à conserver les entrailles de la momie. Anubis, sous la forme d'un chacal noir, est couché sur le haut du meuble encadré par deux tiges de papyrus. Le côté du coffre est orné de deux rangées de symboles de protection: le djed (pilier) et le tet ou noeud d'Isis. Le meuble est posé sur un traîneau tiré par quatre homme vêtus de pagnes longs. Viennent à la suite deux hommes les mains levées en signe de prière.
Registre supérieur: se suivent quatre hommes vêtus du pagne court, portant le mobilier mortuaire, canne, lit, fauteuil, palette de scribe, boîte...

Texte

Commencement des incantations pour sortir au jour, et des prières et des glorifications pour sortir et rejoindre le glorieux au-delà (Neter-Khert), dans le bel occident (Amenti). Ce qui doit être prononcé le jour des funérailles, rentrant après être sorti.
Paroles de l'Osiris Ani, à Osiris, le scribe Ani:hommage à toi taureau de l'Amenti. Il dit thot, le roi de l'éternité, avec moi. Je suis le Dieu Grand dans la barque. J'ai combattu pour toi. Je suis un de ces dieux du tribunal (divin) qui a proclamé justifié Osiris face à ses ennemis le jour de la pesée des mots (du jugement). Je suis ton avocat, ô Osiris.
Je suis l'un des dieux nés de Nout, tueurs des ennemis d'Osiris, (de ce qui ont) emprisonné ceux qui se sont rebellés contre lui. Je suis ton partisan, Horus. J'ai combattu pour toi, j'ai défait les rebelles en ton nom.
Je suis Thot, qui a proclamé justifier Osiris contre ses ennemis le jour du jugement dans le château du prince dans Héliopolis.
Je suis le Busirite ( Djedjeti ), le fils du Busirite. J'ai été enfanté à Busiris. J'étais avec les pleureuses d'Osiris à Idebouy-Rekhtet, ayant proclamé justifier Osiris contre ses ennemis. a ordonné à Thot de proclamer justifié Osiris devant ses ennemis, ce qui a été fait par moi Thot.
Je suis avec Horus le jour de l'habillement des broyés, de l'ouverture des fosses, de la purification du coeur immobile, de l'ouverture de la porte des secrets de Rosetaou.
Je suis avec Horus protecteur de cette épaule gauche d'Osiris dans Létopolis. J'entre et je sors en une flamme le jour de la destruction des rebelles dans Létopolis.
Je suis avec Horus le jour des fêtes d'Osiris, faisant des offrandes au cours des six jours de la fête-deni à Héliopolis.
Je suis le prêtre-ouab à Busiris, Rer dans le temple d'Osiris, le jour de l'exaltation de la terre. Je connais les mystères de Rosetaou. Je lis le livre des cérémonies du ba dans Mendès. Je suis le prêtre-sem dans son office. Je suis le grand chef des travaux le jour de mettre le Hennou de Sokaris sur son traîneau. Je suis celui qui tient la houe le jour du creusement du sol à Héracléopolis.

Commentaires

Ne commence qu'ici l'incantation qui se trouve généralement au tout début de la plupart des versions du Livre des Morts. Ani, qui s'identifie à Osiris, invoque les diverses divinités pour qu'elles interviennent à son avantage auprès d'Osiris. La version du papyrus d'Ani se rapproche des versions canoniques, mais elle offre cependant quelques petites divergences qui rendent le texte souvent difficile à interpréter, tel ce rer dans le temple d'Osiris. L'épaule gauche d'Osiris ou, plus précisément, son omoplate était l'une des parties du corps du dieu qui avait été échoué à Létopolis et qui était vénérée comme une relique. La fête-deni était célébrée le septième jour du mois, lors du premier quartier de la lune. Le verbe deni signifiant « endiguer », il semblerait que cette fête soit liée au creusement des canaux et à l'élévation de digues, bien que certains auteurs suggèrent qu'elle puisse être en relation avec le mythe de l'oeil solaire. Hennou était un nom de Sokaris dans sa barque, laquelle était dressée sur un traîneau le dernier jour des rites de funérailles d'Osiris et traînée autour du temple de Memphis. C'est aussi à Memphis, au cours de la fête de Sokaris, qu'avait lieu le rite du creusement du sol, accompagné d'offrandes pour apaiser les divinités d'Héracléopolis.

Suite chapitre 1
Description:

Elle est le pendant de la vignette précédente : c'est la suite de la procession funéraire. A partir de la gauche : un scribe revêtu du double pagne long, tenant dans sa main droite levée un calame, et dans l'autre un vase à anses ; deux hommes vêtus du pagne court, portant sur l'épaule chacun un joug aux extrémités recourbées en col de canard, auxquelles sont suspendus des coffres remplis de fioles à huiles, parfums, onguents, et des fleurs. Ils tiennent dans une main des gerbes de fleurs de lotus ; un groupe de dix pleureuses, les bras levés en signe de lamentation, vêtues comme Thouthou de robes transparentes bleues laissant la poitrine nue ; deux d'entre elles, à chaque extrémité du groupe, sont agenouillées, l'une tournée vers les porteurs de coffres, l'autre vers la suite de la procession ; devant elles deux sièges peints en blanc chargés d'offrandes de fruits, d'herbes et de fleurs et, devant, un serviteur au crâne rasé s'avance à larges pas, portant un cuisseau de boeuf en offrande. Dans un registre au-dessus de ce dernier groupe, une vache et, face à elle, un veau, animaux destinés au sacrifice ou, selon d'autres interprétations, symboles de la vache céleste Nout et du soleil levant.
    Le groupe situé à droite représente le rite final, avant la mise au tombeau : le prêtre lecteur (Kher-heb), vêtu de l'ample robe de lin blanc, tient un rouleau de papyrus sur lequel il récite le texte relatif au rite de < l'ouverture de la bouche > ; devant lui, les divers instruments et objets utilisés pour le rite :
ciseau-meskhet (ou rneskhetyou, autrement appelé medjat), sorte de rabot à lame de fer muni d'un manche en bois, un instrument qui semble être le ciseau-medjedfet, variété du précédant, les trois herminettes utilisées par les charpentiers, netjerty, noua et dounâ, le < doigt d'or > , épousant la forme de deux doigts unis, le pesesh-kaf, couteau en silex à double lame rappelant une queue de poisson, deux vases deshret, en forme de cône tronqué (ils sont rituellement au nombre de quatre) et le coffret contenant les onguents de purification. Il manque les aiguières-nemset, à panse et goulot latéral ; devant, côte à côte, le prêtre-sein tenant les mêmes attributs que dans la planche précédente, et le prêtre officiant qui tient à la main la baguette magique (our-hekaou = grand de magie) en forme de serpent dressé (ici on reconnaît une tête allongée de bélier ; sur certaines représentations, la tête de bélier est surmontée d'un cobra dressé), baguette empruntée par les Hébreux pour en faire la verge d'Aaron et qui apparaît dans les tours de magie exécutés par les prêtres égyptiens et Moïse devant Pharaon dans le livre biblique de l'Exode.
    Devant ces trois prêtres, sur une épaisse natte de jonc et de papyrus : une accumulation d'offrandes, Thouthou en pleurs, agenouillée les bras vers le visage, devant la momie d'Ani, pourvue de la fausse barbe, coiffée du cône à parfum, prête pour subir le rituel de l'ouverture de la bouche. La momie est maintenue droite par un prêtre portant le masque d'Anubis. Enfin, encore derrière, l'entrée monumentale de l'hypogée, surmonté d'un pyramidion.

Texte

Ô vous qui faites entrer les âmes (baou) parfaites dans la demeure d'Osiris, faites entrer l'âme-ba parfaite de l'Osiris Ani justifiée, avec vous dans la demeure d'Osiris. Puisse-t-elle entendre comme vous (entendez), puisse-t-elle voir comme vous voyez, puisse-t-elle se tenir debout comme vous vous tenez debout, puisse t-elle s'asseoir comme vous vous asseyez. Ô donneurs de pains et de bière aux âmes parfaites dans la demeure  d'Osiris, donnez pain et bière pendant les deux saisons à l'âme-ba de l'Osiris Ani, justifié devant tous les dieux d'Abydos, justifié avec vous. Ô ouvreurs des chemins vous qui ouvrez les routes aux âmes parfaites dans la demeure d'Osiris, ouvrez donc les chemins pour lui, ouvrez donc les routes pour l'âme de l'Osiris, le scribe artisan des divines offrandes à tous les dieux, Ani avec vous. Puisse-t-il entrer subjugué, puisse-t-il sortir en paix de la demeure d'Osiris. Qu'il ne soit pas repoussé, qu'il ne soit pas renvoyé, qu'il entre béni, qu'il sorte aimé, ayant été justifié. Qu'il donne ses ordres ;fans la demeure d'Osiris, qu'il marche, qu'il parle avec vous, qu'il :soit glorifié avec vous. Non, il n'a pas été pris là en défaut, la balance a été trouvée vide par le tribunal.

COMMENTAIRES

Toute cette fin du chapitre I est une suite d'objurgations d'Ani pour être admis dans la demeure d'Osiris, c'est-à-dire dans les champs d'Ialou où il aura à volonté pain et bière. Les ordres donnés dans la demeure d'Osiris sont une allusion aux ordres que le défunt donne à ses serviteurs magiques, les oushebtis, pour qu' ils le servent en toute chose. La dernière phrase est une allusion à la confession négative et à la pesée du coeur devant le tribunal d'Osiris.
Là se termine généralement le chapitre I. Mais dans certains papyri on trouve un prolongement qui ajoute des broderies autour de cette volonté du mort d'être bien reçu au pays des Justes.
Dans le papyrus d'Ani, ces formules sont immédiatement suivies d'une autre série de formules qui constituent dans la vulgate le chapitre XXII.

Chapitre II
Texte
Formule pour sortir au jour et vivre après la mort.

Dire par l'Osiris Ani : salut l'Unique qui te lèves dans la lune. salut l'Unique qui brilles dans la lune. [Que puisse] sortir cet Osiris Ani parmi la foule de ceux du dehors ! [Qu'il puisse] retourner parmi les Akhou. Que lui soit ouverte la Douat. Vois Osiris, l'Osiris Ani est sorti au jour pour faire ce qu'il désire sur terre, parmi les vivants.

Chapitre VIII
Texte Formule pour ouvrir l'Amenti au jour.

Dire par l'Osiris Ani : ouvre Hermopolis, referme devant Thot. Excellent est l'oeil d'Horus. Délivre-moi, oeil d'Horus, gloire et ornement du front de , le père des dieux ! Cet Osiris [est un habitant] de cet Amenti, il connaît la parole d'Osiris. (S')il cesse d'exister là, je n'existerai pas là. Je suis la lune parmi les dieux, je ne peux pas ne pas être. Ainsi dresse toi, Horus : Il t'a compté parmi les dieux.

Commentaire

Il est possible qu'il faille entendre, pour ce qui concerne l'ouverture de la formule, < Ouvre (ô) l'hermopolitain >, c'est-à-dire Thot dieu d'Hermopolis. Thot est le dieu qui a rendu son oeil à Horus lors de son combat contre Seth. La connaissance de la « parole » d'Osiris, c'est-à-dire son enseignement secret, est encore peut-être ici une allusion à une inition préparatoire, destinée à affronter la mort

Chapitre IX

Texte

Formule pour sortir au jour après l'entrée dans la tombe (Immehet ').

Dire par Ani : salut âme-ba grande de valeur ! Je suis brave! Je suis venu te voir, je suis entré dans la Douat, j'ai vu mon père Osiris, j'ai chassé les ténèbres. Je suis son bien-aimé : je suis venu pour voir mon père Osiris. J'ai tranché le coeur de Seth qui a agi contre les biens de mon père Osiris. J'ai ouvert tous les chemins du ciel et de la terre. Je suis un fils aimé de son père Osiris, je suis devenu un prince, je suis devenu Akhou bien muni. Salut à chaque dieu, salut à chaque Akhou ! Frayez une route pour moi, l'Osiris, le scribe Ani justifié.

Commentaire

Il est difficile de savoir quelle divinité vise la formule lorsqu'il est dit : < Salut âme grande de valeur (ou de prestige) ». Il pourrait s'agir d'Osiris, mais la suite du contexte semblerait plutôt plaider en faveur d'Horus à qui le mort s'assimile totalement ensuite. Mais, à la fin, le mort déclare qu'il est devenu un Akhou, il prend ainsi rang parmi ces êtres divins et lumineux dont on ne sait si on peut dire seulement que ce sont des « Bienheureux > , selon la traduction généralement utilisée pour Akhou.

Chapitre X(ou XLVIII)

Texte

Autre formule pour qu'une personne sorte au -jour contre ses ennemis dans le Neter-khert.

J'ai creusé le ciel, dévasté l'horizon, j'ai parcouru la terre à grands pas, j'ai pris possession des Akhou importants, car je suis, en vérité, riche de millions d'enchantements. Je mange avec ma bouche, je mâche avec ma mâchoire', je suis, en vérité, le maître de la Douat. Que ceci me soit donné durablement, à (moi) l' Osiris Ani, dans sa manifestation de gloire.

Commentaire

Le chapitre XLVIII donne le même texte que le X. Il semble s'inspirer du spell 574 des Textes des Sarcophages. Pour comparaison, je donne ici la traduction qu'en a faite P. Barguet, Textes des Sarcophages, pp. 217-218 : < J'ai fouillé le ciel, j'ai creusé l'horizon, j'ai parcouru la lumière, j'ai parcouru sa marche et je me suis emparé des pouvoirs spirituels de mes aînés ; car je suis vraiment un esprit-akh équipé de son million (de formules magiques). Je mange avec ma bouche, je défèque avec mon derrière: car je suis vraiment un dieu, le maître de la Douat. Cela m'a été donné depuis hier.>> Cette formule prend ici un caractère métaphysique et magique qui éclaire le chapitre X, sans doute un abrégé du modèle des CT, et le rend compréhensible.

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Copyright © Copyright © Guy Rachet. Le livre des morts des anciens Egyptiens. Introduction, traduction inédite et commentaires. Edition du Rocher