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La légende Osirienne

La légende Osirienne

Cette légende nous a été rapportée par les écrivains grecs et surtout Plutarque {Isis et Osiris}. Aucun récit écrit égyptien ne nous l'a transmise en entier, mais nous en trouvons suffisamment d'épisodes épars à travers la littérature religieuse et magique pour ne conserver aucun doute sur l'authenticité du récit Grec.Né pendant le premier des cinq jours complémentaires de l'année, Osiris devint roi du monde: « à peine roi, il arracha tout aussitôt les égyptiens à leur existence de privations et de bêtes sauvages, leur fit connaître les fruits de la terre, leur donna des lois et leur apprit à respecter les dieux. Plus tard, il parcourut la terre entière pour la civiliser ». Cette phase initiale de la royauté terrestre d'Osiris est évoquée dans les textes égyptiens, sans grands développements. On nous parle d'Osiris, héritier de Geb sur le trône terrestre, et l'une des épithètes qu'il porte, Ounennéfer, « l'être perpétuellement bon », a pu inspirer ce récit d'Osiris donnant aux hommes la civilisation.
Mais le frère d'Osiris, Seth, conçut de la jalousie à voir l'amour qu'Osiris attirait à lui: « Il s'adjoignit 72 complices. Ayant pris secrètement la longueur exacte du corps d'Osiris, Seth, d'après cette mesure, fit construire un coffre superbe, remarquablement décoré, et ordonna qu'on l'apportât au milieu d'un festin. A la vue de ce coffre, tous les convives furent étonnés et ravis. Seth alors promit en riant qu'il en ferait présent à celui qui, en s'y couchant, le remplirait exactement. Les uns après les autres, tous les convives l'essayèrent, mais aucun d'eux ne le trouva à sa taille. Enfin, Osiris y entra et de tout son long s'y étendit. Au même instant, tous les convives s'élancèrent pour fermer le couvercle. Les uns l'assujettirent extérieurement avec des clous, les autres le scellent avec du plomb fondu. L'opération terminée, le coffre fut porté sur le fleuve, et on le fit descendre jusqu'à la mer... ». A cette partie du récit, on trouve quelques parallèles, assez rares, dans la littérature égyptienne, il est parfois fait mention d'un coffre, et souvent de la noyade d'Osiris immergé dans le Nil.

C'est à ce point de la légende qu'intervient la « quête d'Osiris ». Selon les sources égyptiennes, Isis et Nephthys retrouvent le cadavre du dieu sur la berge du Wédit, le lieu de sa mort. Mais parallèlement au développement tardif du culte des reliques {chaque ville religieuse se vantant de posséder un morceau du corps divin}, une légende plus complexe prit naissance, celle du démembrement d'Osiris par Seth. Isis aurait retrouvé le corps de son époux dans le port libanais de Byblos et l'aurait ramené en Égypte après maintes aventures. Mais Seth, ayant découvert la cachette où Isis l'avait déposé, aurait déchiqueté le corps d'Osiris et en aurait répandu les morceaux à travers l'Égypte. La quête aurait repris, et chaque partie du corps divin aurait été ensevelie au lieu où elle aurait été retrouvée par Isis. La résurrection du dieu, attribuée tantôt à sa mère Nout, tantôt à la pitié de qui envoie à son secours le dieu Thot et ses sortilèges, tantôt aux bons offices d'Anubis, est évoquée par des livrets tardifs. Il nous rapporte les plaintes d'Isis et Nephthys, les appels déchirants par lesquels elles invitent le dieu à revenir sur terre. L'iconographie a conservé l'image des deux déesses balançant leurs grandes ailes au chevet, du dieu mort pour lui rendre le souffle de la vie. Nous apprenons ainsi comment Isis conçut un fils de son époux déjà défunt et cacha longtemps cet enfant posthume, le petit Horus, dans les marais de Chemnis, afin de le soustraire aux recherches de Seth. Puis, les textes religieux nous racontent l'arrivée du fils vengeur de son père, qui s'attaque à Seth, enfin le jugement des dieux qui répartit l'univers entre Horus et Seth. Certains épisodes de la légende osirienne étaient représentés, annuellement, lors des fêtes d'Abydos: la sortie du dieu, sur sa barque, qui allait, guidé par le chien Oupouaout, massacrer ses adversaires, puis la mort du dieu, son enterrement au lieu dit Oupéqer, le grand combat sur la rive de Nédit, lieu de la mort d'Osiris, et la vengeance que l'on tirait de ses ennemis. Parallèlement à ces évocations dramatiques, qui se jouaient au milieu d'un grand concours de peuple, d'autres cérémonies, secrètes celles-là, des mystères, s'accomplissaient dans certaines salles retirées des temples. Elles traduisaient moins le caractère humain de la légende osirienne que sa fonction originelle de dieu de la terre et des forces végétales.