Egypte ancienneEgypte ancienne

Apis

Représentant de Ptah sur terre

Fils d'une vache fécondée par Ptah. Taureau sacré représentant Ptah sur terre, également associé à Osiris et à Rê

Une divinité égyptienne peut se manifester à ses fidèles sous divers aspects. Le support traditionnel reste la statue de culte dans laquelle, dit-on, réside le dieu. Mais il arrive fréquemment qu'un dieu apparaisse dans le corps d'un animal spécifique : le faucon pour Horus, l'ibis pour Thot le crocodile pour Sobek, la chatte pour Bastet... Chacun devient la manifestation visible de la divinité qu'il représente. De là est née l'idée d'entretenir et d'honorer, au sein des temples, des images vivantes de culte : ce sont ces fameux "animaux sacrés" dont nous parlent les voyageurs de l'Antiquité, tous choqués par l'omniprésence, du nord au sud du pays, de ce culte particulier. Même s'il remonte aux plus hautes époques, le culte des animaux sacrés connaît un développement étonnant à partir de la Basse Époque. Dans les enceintes des temples, plusieurs milliers d'animaux étaient confiés à des éleveurs chargés de faire prospérer l'élevage pour les nécessités du culte. De cette époque datent ces nécropoles dans lesquelles reposaient, en grandes quantités, les corps momifiés de ces animaux sacrés. Le culte des taureaux répond à cette logique. Au départ, Apis symbolise la fécondité et incarne l'animal procréateur par excellence. Avec le temps, ses qualités se multiplient: il est associé au roi et à différentes divinités. Il devient le représentant officiel et l'incarnation de Ptah, le dieu créateur de Memphis. Plus tard, il acquiert des caractéristiques solaires et funéraires empruntées à Rê et à Osiris. Dès lors, son culte prend un essor particulier en Égypte puisqu'il symbolise, à lui seul, les trois facettes essentielles du divin : la création (Ptah), la vie (Rê) et la mort (Osiris). Sa résidence principale se trouve dans la ville de Memphis : au sud du temple de Ptah règne Apis. Le choix d'un animal sacré dépendait d'un certain nombre de critères imposés par le clergé du dieu qu'il représentait. Contrairement à certains cultes où l'animal sacré changeait tous les ans, le taureau Apis était une bête, choisie suivant des signes distinctifs, qui incarnait le divin jusqu'à sa mort. "Le taureau qui reçoit le nom d'Apis possède les marques suivantes : il est noir avec un triangle blanc sur le front, un signe en forme d'aigle sur le dos, les poils de la queue doubles et un signe en forme de scarabée sous la langue" explique Hérodote. Lorsqu'un Apis venait à mourir, le clergé de Ptah faisait des recherches dans tous les élevages du pays pour trouver le jeune veau répondant à ces caractéristiques. Après avoir été localisé, il était conduit à Memphis où, jusqu'à la fin de ses jours, il devait assumer la charge d'animal sacré. On lui fournissait un harem de vaches et un clergé veillait nuit et jour à son bien-être. On pensait que le taureau Apis était issu d'une vache, fécondée par le dieu Ptah, qui se serait manifesté à elle sous la forme d'un feu céleste. C'est encore Hérodote qui nous apporte cette précision : "Cet Apis est un taureau né d'une vache qui ne peut plus par la suite avoir de veau. Les Égyptiens disent qu'un éclair descend du ciel sur la bête qui, ainsi fécondée, donne naissance à un Apis". Sa mère jouissait des mêmes prestations que son fils : elle possédait un espace sacré personnel dans le sanctuaire de Ptah, bénéficiait de somptueuses funérailles et recevait un culte de son vivant comme après sa mort. Si l'on en croit les récits des voyageurs, les funérailles du taureau Apis devaient être spectaculaires puisqu'elles étaient sensiblement identiques à celles réservées aux humains. De la même manière, le taureau était embaumé : le corps d'un côté et les viscères de l'autre. L'opération durait soixante-dix jours à l'issue desquels la dépouille était conduite dans le temple de la vallée, situé au bord du Nil, puis dans le temple funéraire, proche de la nécropole. Pour la plus grande majorité, les tombes des taureaux sacrés se trouvent à Saqqarah, dans un espace appelé le Sérapéum. Il s'agit d'une série de galeries souterraines donnant sur des chambres sépulcrales destinées à recevoir les sarcophages des taureaux. Les cuves sont étonnantes : elles sont généralement en granite noir et mesurent environ 4 mètres de long sur 2,50 mètres de large pour une hauteur de 3 mètres. En tout, vingt-quatre sarcophages de ce type ont été découverts dans les souterrains du Sérapéum. Aux époques antérieures, les taureaux étaient enterrés dans des cercueils en bois qui n'ont pas résisté au temps. Mais une multitude d'objets retrouvés aux abords de la nécropole - figurines, stèles, statuettes ou oushebtis - permettent de quantifier l'importance de ce culte à partir du Nouvel Empire.