L'histoire du roi Cheops
En égyptien khoufoui De -2538 à -2516
Il était le fils de Snéfrou et de la reine Hetep-Heres. Durant son règne de 22 ans, il mena le même contrôle rigoureux des appareils de production que son prédécesseur, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur {Sinaï, carrière de diorite de Nubie}. C'est évidement grâce à ce contrôle qu'il put édifier la grande pyramide de Giseh et son temple funéraire.
Un tel monument ne se bâtit que dans la sueur et la souffrance. D'où la fort mauvaise réputation attachée à son nom et qui parvint jusqu'aux oreilles d'Hérodote. Cette réputation contraste avec celle très populaire de son père Snéfrou. Hérodote rapporte que Chéops ferma les temples, transforma ses sujets en bagnards pour élever sa tombe prestigieuse et prostitua sa fille pour combler le déficit. Ces ragots ne sont pas du mauvais esprit grec, car un vieux conte peignait déjà un Chéops arrogant et peu conscient de la dignité humaine.
Durant le règne de Chéops, Hodjedef, écrivit les « textes Sapientiaux ».
Hérodote, II, 124-125, 127-128, traduction de P. Legrand. |
Jusqu'au règne de Rhampsonite, disaient les prêtres, un ordre parfait existait en Égypte, et le pays jouissait d'une grande prospérité; mais Chéops, qui après lui régna sur les Égyptiens, les réduisit à une complète misère. D'abord, fermant tous les sanctuaires, il les empêcha d'offrir des sacrifices; puis il les força de travailler pour lui. Aux uns était assigné de traîner des pierres à partir des carrières, des carrières qui sont dans la montagne arabique, jusqu'au Nil; à d'autres, il ordonna de recevoir ces pierres, après que, sur des bateaux, on les avait transportées au-delà du fleuve, et les traîner jusqu'à la montagne, la montagne appelée libyque. Le travail était accompli par des troupes de dix myriades d'hommes qui se renouvelaient à chaque trimestre. Le temps pendant lequel le peuple fut soumis à d'exténuants labeurs aurait été de dix ans pour l'établissement de la chaussée par où l'on traînait les pierres, ouvrage qui à mon avis n'est guère moindre que la pyramide {sa longueur, en effet, est de cinq stades; sa largeur, de dix orgyies, sa hauteur, à l'endroit où la chaussée est la plus élevée, huit orgyies}, fait de pierre polie où sont gravées des figures. Les dix ans auraient donc été consacrés à cette chaussée et aux chambres souterraines de la colline sur laquelle se dressent les pyramides, chambres que Chéops fit aménager pour servir à sa sépulture, dans une île, un canal produisant là l'eau du fleuve. Pour la construction de la pyramide même, le temps employé aurait été de vingt ans; elle est carrée; elle a de tous les côtés un front de huit
plèthres, et une égale hauteur; elle est de pierre polie, exactement
jointe; aucun bloc n'y a moins de trente pieds. Voici comment fut construite cette pyramide: d'abord une succession de degrés, que certains appellent crossai et d'autres bomides; quand la pyramide fut construite sous cette forme, on éleva le reste des pierres à l'aide de machines faites de morceaux de bois courts; on les élevait de terre à la première assise des degrés; la pierre, montée là, était placée dans une autre machine dressée sur la première assise; de cette première assise, elle était amenée à la seconde et placée sur une autre machine. Car, autant il y avait d'assises de degrés, autant il y avait de machines; ou bien la même machine, unique et facile à porter, était installée successivement sur chacune des assises, après que chaque fois la pierre en avait été retirée… {Ils mirent donc vingt ans} pour édifier ces ouvrages, à quoi s'ajouta le temps de travailler les pierres, de les amener, de creuser le canal souterrain, ce qui, à mon avis, ne prit pas peu de temps… Ce Chéops, disaient les Égyptiens, régna cinquante années; après sa mort lui succéda comme roi son frère Chéphren. Celui-ci, disaient-ils, se comporta en toutes choses comme lui; en particulier, il édifia aussi une pyramide, qui n'atteint pas les dimensions de celles de Chéops {nous avons pris les mesures nous-même}. Ils dénombraient ainsi cent six années pendant lesquelles une complète misère aurait accablé les Égyptiens; et, durant tout ce temps, les sanctuaires, qu'on avait fermés, n'auraient pas été ouverts. L'aversion que les Égyptiens ont pour ces rois fait qu'ils ne veulent pas du tout les nommer… 1 stade = 600 pieds grecs, environ 177,40 mètres. |